Chapitre III
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Chapitre III
AUTEUR Love destroyed you
Niall n'arrivait pas à dormir. Il était allongé dans son lit, un casque branché à son téléphone sur ses oreilles. Ses pensées dérivèrent, loin, très loin de son appartement Londonien. Il songeait à sa famille, à ses amis, à son pays. L'Irlande. Il n'en parlait pas tout le temps, mais Dieu, que ça lui manquait. Il était bien sûr plus qu'heureux de vivre tout ça avec les garçons ; il savait qu'il était incroyablement chanceux, et qu'il n'avait pas le droit de se plaindre, pas une seule fois. Cependant oui, parfois, il avait des petits coup de blues et sa famille lui manquait encore plus que d'habitude. Atrocement. Le pire dans l'histoire, était sûrement de se sentir oublié par ses proches. Ils étaient tous très fiers de lui, évidemment. Peut-être un peu trop. Parfois, il se demandait s'ils se rappelaient de Niall, l'abruti qui vivait pour la nourriture et les blagues pourries. Parfois, il se demandait si ce Niall existait encore pour eux. Oui, car parfois, l'Irlandais n'avait plus l'impression d'être un ami, ni même un fils, mais seulement Niall Horan, membre des One Direction, groupe anglo-irlandais de plus en plus connu chaque jours. Et ça faisait terriblement mal. Il stoppa immédiatement ses pensées sombres, et se dit qu'il n'avait pas le droit de se plaindre, ça aurait été ridicule de le faire avec la vie magique qu'il avait. Alors, il se leva, enfila un sweat et des chaussures, et sortit de l'appartement sans faire de bruit. Il prit l'ascenseur, arriva dehors et enfila sa capuche, histoire de ne pas se faire remarquer ou agresser en pleine nuit. Ce serait con, se dit-il. Le blond fit quelques pas, sans destination précise, toujours de la musique dans les oreilles. Il décida enfin de s'asseoir sur un banc dans le parc qui se trouvait à quelques mètres plus loin de l'appartement. Ses yeux fixaient le vide. Il remarqua qu'il n'y avait personne, excepté un couple allongé dans l'herbe un peu plus loin. Il était bientôt minuit et le parc ne tarderait sûrement pas à fermer. Il se demanda, pour la énième fois, ce que faisaient ses parents, son frère, ainsi que les gens qui avaient été un jour -un jour qui lui semblait étrangement lointain- ses amis les plus proches. Les gens qui avaient tout connu de lui, ou presque. Et puis, peu à peu, Liam, Zayn, Louis et Harry les avaient remplacés. Car la distance à long terme, quoi que l'on en dise, efface tout, et n'épargne que les souvenirs. À force, on s'habitue à l'absence des gens. On s'habitue à les voir changer, devenir des inconnus. Niall s'était habitué. Bien sûr, il ne pouvait pas nier que certaines nuits avaient une saveur amère, lorsque ses pensées s'aventuraient du côté interdit. Mais il fallait avancer, après tout. Il avait avancé, et ne regrettait pas. Il ne regrettait rien. Il ne voulait rien regretter.
Le blond soupira, et observa le parc. Le couple était parti. Puis, légèrement à sa gauche, il eut l'impression d'apercevoir une silhouette cachée derrière un arbre. Il plissa les yeux. Il faisait vraiment très sombre, la lumière du réverbère n'était pas assez puissante, et il n'arrivait pas à identifier la masse difforme qui se distinguait du tronc. Il se leva donc, et s'approcha.
- Euh... Y a quelqu'un ? lança-t-il maladroitement.
Quelques mètres le séparaient à présent de l'arbre, et il reconnu donc un corps frêle, ainsi que de longs cheveux foncés. Une jeune fille, toute de noir vêtue, avec une capuche sur la tête. Mais que faisait cette gamine dans un parc à une telle heure du soir ? Il retira son casque et la fixa. Il n'arrivait pas à voir son visage, alors il se rapprocha encore, comme hypnotisé. Elle leva la main lentement, et la secoua, comme pour le saluer. Puis un bruit de branche brisée retentit dans le silence de cette nuit d'été. Il jeta rapidement un coup d'œil et vit le bout de bois cassé sous sa chaussure Il releva les yeux, mais l'inconnue avait disparu. Il se retourna, se rendit derrière l'arbre, chercha autour de lui, mais il n'y avait plus personne.
Tout cela devenant bien trop étrange pour lui, il s'empressa de partir. Une boule d'angoisse se forma dans son estomac. Ses pas l'amenèrent jusqu'à l'appartement de façon automatique, et son esprit était encore embrumé par la présence de cette étrange fille. Il retourna dans sa chambre en se disant qu'il y avait des gens vraiment très bizarres. Tout en se déshabillant, l'Irlandais secoua la tête, et se força à ne plus y penser. Ce n'était sûrement qu'une sans-abris. Pas de quoi s'inquiéter, c'était ridicule. Il était soudainement totalement crevé, et s'endormit presque aussitôt que sa tête entra en contact avec son oreiller. Ce fut cependant un sommeil agité et dont les rêves furent habités par une étrange présence sombre et inquiétante.
- Harry ? Interrogea Niall. Tu m'écoutes ?
Non, non je t'écoute pas, en fait. Je suis trop occupé à penser à des choses dont je ne pourrais même pas te parler. Des choses qui concernent mon cher meilleur ami. Parce que tu vois, Nialler, depuis quelques temps y a comme quelque chose qui cloche. Comme un truc qui ne tourne pas rond. Y a des questions qui tournent en boucle dans ma tête et elles me rendent dingue, tu sais. J'arrive pas à trouver une seule réponse. C'est quoi ce bordel ? Pourquoi je suis capable de passer des heures à le mater comme ça ? Pourquoi depuis un an ma première pensée du matin, c'est lui ? Pourquoi je me sens si vide quand il est pas là ? Pourquoi je ne vois que par lui ? Pourquoi il est partout, dans tout ce que je dis, tout ce que je fais, tout ce que je pense ? Pourquoi je le cherche même lorsque je sais qu'il est ailleurs ? Pourquoi je ne me sens jamais plus heureux que lorsque je suis avec lui ? Pourquoi j'attends ? Qu'est-ce que j'attends ? Un signe, un regard qui veut tout dire. Tu sais, c'est tellement puissant que ça me fait peur. J'ai l'impression d'être totalement dépassé par cette putain de situation, j'y comprends plus rien. J'ai juste besoin d'être éclairé, merde. J'ai juste besoin qu'il m'éclaire.
- Désolé, je pensais à autre chose. Tu disais ? répondit Harry.
Il pleuvait. C'était l'été, et il pleuvait. Bordel. Harry était couché et il entendait la pluie frapper ses volets. Ça le rendait dingue, et ça l'empêchait de dormir. Pourtant, il en avait bien besoin. Il se retourna dans son lit, enfonça son visage dans son oreiller, tenta de se relaxer, mais rien ne marchait et cette foutue insomnie était toujours présente. Il rabattit violemment sa couverture et sortit de sa chambre en se dirigeant vers la cuisine. Il alluma la lumière et s'assit par terre, dos contre le mur. Il soupira. Sa vie était devenue un bordel total depuis quelques semaines. Depuis cette fameuse interview. Il ne savait plus où il en était. Il ressentait des choses pour Louis qu'il n'aurait pas du ressentir. Il n'était pas amoureux, bien sûr que non! Quelle connerie, l'amour. Il ne savait même pas si ça existait réellement. Et si ça existait, ce n'était pas prêt de lui arriver. Harry Styles, tomber amoureux ? Jamais. C'était trop nul, trop niais, trop ridicule. C'était surtout inutile et ça faisait souffrir plus qu'autre chose -enfin, c'était ce que les gens disaient. Non, il n'était pas amoureux. Il ne manquerait plus que ça. Et puis surtout, il n'était pas gay. Il était cent pour cent hétéro, merde. Il aimait les filles, et ça avait toujours été le cas. Alors quelle était cette vague de désir qui s'emparait de lui à chaque fois qu'il apercevait son meilleur ami ? Pourquoi avait-il cette ridicule envie de lui appartenir ? Pourquoi ne s'était-il pas rendu compte plus tôt qu'il était complètement accro ? Parce qu'accro, il l'était, oui. Et pas qu'un peu, malheureusement. Il n'arrivait pas à mettre un nom sur ses putains de sentiments, et ça le rendait fou. Ça le rendait fou comme cette pluie qui ne s'arrêtait pas et qui faisait un bordel pas possible. Il ne détestait pas la pluie, contrairement à beaucoup de gens. Généralement, elle l'apaisait. Elle l'aidait à réfléchir, et ce soir-là, c'était bien le problème. Comme s'il n'y pensait pas déjà assez tous les jours, en le voyant, en vivant avec lui, en bossant avec lui. Comme si ça ne lui bouffait pas déjà assez l'existence.
Un bruit de pas le fit sortir de ses pensées, et une bouille aux yeux bleus et aux cheveux châtains ébourifés apparut. Louis. Génial, pensa-t-il. Son meilleur ami le regardait curieusement. Il allait avoir droit à tout un putain de questionnaire...
- Haz ? Mais qu'est-ce que tu fous là ?
- J'arrivais pas à dormir.
Louis n'avait rien remarqué. Enfin, si c'était le cas, il le cachait vachement bien. Rien n'avait changé. Ou peut-être étaient-ils un peu moins proches que d'habitude physiquement, mais ça non plus, Louis ne semblait pas l'avoir remarqué. Harry faisait de son mieux pour continuer à agir normalement avec lui, comme d'habitude. Seulement, ce n'était pas toujours facile. Par moments, il se rapprochait encore plus de lui, et comme Louis ne le rejetait jamais, il s'accrochait encore plus. Il s'accrochait à quoi ? Et puis parfois, il prenait des distances, devenait froid, et s'isolait pendant quelques heures avec la musique pour seule compagne. Cependant ça ne durait jamais très longtemps. Et comme un drogué revenait vers son dealer, Harry revenait sans cesse vers Louis. Sa propre addiction.
- Ah. La pluie ? Questionna le châtain.
- Ouais. La pluie. C'est ça.
- Je vois. Il fronça les sourcils. Merde, qu'est-ce qu'il était beau.
- Et toi ? Qu'est-ce que tu fais là à trois heures du mat' ?
- J'avais soif, répondit Louis. Je suis passé devant ta chambre et j'ai vu que c'était vide. J'ai flippé, jusqu'à ce que je voie de la lumière dans la cuisine, ajouta-t-il avec un petit rire.
- Ah.
- Bref...
Voyant que le bouclé ne répondait pas, il soupira, et se dirigea vers le frigidaire. Il en sortit une petite bouteille d'eau et commença à boire. Harry sentit son estomac se contracter. Comment pouvait-il être taré au point de trouver ça sexy ? Il avait réellement besoin d'aller se faire soigner.
- T'as vu un fantôme, ou quoi ? lança Louis.
- Euh, non. J'ai juste un peu mal au ventre, répondit le brun en évitant le regard de son meilleur ami.
- Merde. J'espère que t'es pas malade...
- Non, t'inquiète. J'ai dû bouffé un sale truc, quelque chose dans le genre.
Le châtain ne répondit pas et s'agenouilla devant Harry. Il posa sa main sur son front. Le bouclé frissonna à ce simple geste et ferma les yeux. Un étrange bien être s'empara de lui. C'était dingue, ce pouvoir que Louis avait sur lui.
- T'as pas de température, enfin je crois pas.
- J'ai rien du tout, Lou. Arrête de t'inquiéter.
- Hmmm.
Silence. Le seul bruit présent était la pluie, de plus en plus forte.
- Harry... tu sais que tu peux tout me dire, hein ?
Ah bon ? Et si je te dis que j'ai des envies pas très catholiques dès que je te vois, je peux aussi ?
- Oui, Lou. Bien sûr que je le sais. Je te fais confiance.
- Et si... si quelque chose n'allait pas, tu me le dirais ? demanda Louis, visiblement gêné.
- Mais oui, tu le sais très bien. Je te dis tout.
- Bon. Si tu le dis.
- Je le dis.
Il ne pouvait pas lui en parler. C'était inconcevable. Qu'est-ce qu'il en aurait penser ? Il se serait barré en courant, oui. Et Harry l'aurait comprit. Encore un silence. Louis plongea ses orbes bleues dans les émeraudes du plus jeune. Ce dernier lu dans les yeux de son aîné une incompréhension infinie. Mais il continua à le fixer. Ça dura longtemps. Assez pour que l'envie d'embrasser son meilleur ami s'empare du bouclé. Mais le châtain se releva.
- Bon, il est tard. Je retourne me coucher... déclara-t-il.
- Ah. Ouais, je vais faire pareil.
- Ben... bonne nuit, alors.
- Ouais.
Louis le regarda, toujours avec cette même incompréhension dans les yeux. Il secoua la tête, passa sa main dans les boucles de Harry avec douceur, et ce dernier frissonna à ce contact. Encore une fois. Il se dirigea vers sa chambre.
- Attends, Louis !
Le châtain s'arrêta net, mais ne se retourna pas.
- Oui ? Demanda-t-il, toujours dos à Harry.
Le brun admira le dos musclé de son meilleur ami, moulé par un simple t-shirt gris foncé.
- Bonne nuit... dit-il après un court silence.
Louis tourna la tête et lui sourit faiblement, puis il continua sa route jusqu'à sa chambre. Il le rendait dingue. Il savait que c'était mal, qu'il devait arrêter l'effrayante obsession qu'il avait pour son meilleur ami, qu'il n'avait pas le droit de penser à lui de cette manière là. Car Louis, justement, n'était que son foutu meilleur ami, et rien d'autre. Et ça ne changerait jamais. Ça ne devait pas changer. Ça ne pouvait pas changer. Pourtant, lorsqu'il éteignit la lumière de la cuisine, il ne prit pas le chemin de sa chambre. Il ouvrit une porte, la referma doucement, et avança dans le noir maladroitement en tentant de ne se prendre aucun meuble. Lorsque son tibia cogna contre un lit, il s'arrêta. Il s'assit dessus en prenant soin de ne pas toucher le châtain, et attendit. Une réponse, une question. Quelque chose. Mais il n'entendait que sa respiration, bien trop irrégulière pour qu'il soit réellement endormi. Au bout de quelques minutes silencieuses, il sentit Louis se déplacer. Le plus jeune comprit, et se faufila près de lui sous la couverture. Ils s'entrelacèrent, le châtain caressant le visage du bouclé avec une douceur infinie. Ouais, comme dans ce foutu rêve. Cette fois, le geste fit éclater en Harry une marée de sentiments indescriptibles. Et cette douleur dans son ventre était toujours présente, mais ça faisait plus de bien que de mal. Il aurait pu rester là éternellement. Il se rendait compte qu'il n'avait besoin de rien d'autre. De rien d'autre que de son meilleur ami le prenant dans ses bras. De rien d'autre que l'amour -l'amitié, voulait-il dire- de Louis. Et ça en devenait vraiment grave. Il plongea son visage dans le cou du châtain pour s'enivrer de son odeur, et le serra encore plus fort dans ses bras. Il voulait que le temps s'arrête, que ce moment ne connaisse jamais de fin, qu'ils restent ainsi pour toujours.
Il s'endormit dans un dernier vertige, bercé par les battements du cœur de Louis et par le bruit de la pluie qui lui paraissait si lointain, désormais.
Love Destroyed You
Chapitre III
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Niall n'arrivait pas à dormir. Il était allongé dans son lit, un casque branché à son téléphone sur ses oreilles. Ses pensées dérivèrent, loin, très loin de son appartement Londonien. Il songeait à sa famille, à ses amis, à son pays. L'Irlande. Il n'en parlait pas tout le temps, mais Dieu, que ça lui manquait. Il était bien sûr plus qu'heureux de vivre tout ça avec les garçons ; il savait qu'il était incroyablement chanceux, et qu'il n'avait pas le droit de se plaindre, pas une seule fois. Cependant oui, parfois, il avait des petits coup de blues et sa famille lui manquait encore plus que d'habitude. Atrocement. Le pire dans l'histoire, était sûrement de se sentir oublié par ses proches. Ils étaient tous très fiers de lui, évidemment. Peut-être un peu trop. Parfois, il se demandait s'ils se rappelaient de Niall, l'abruti qui vivait pour la nourriture et les blagues pourries. Parfois, il se demandait si ce Niall existait encore pour eux. Oui, car parfois, l'Irlandais n'avait plus l'impression d'être un ami, ni même un fils, mais seulement Niall Horan, membre des One Direction, groupe anglo-irlandais de plus en plus connu chaque jours. Et ça faisait terriblement mal. Il stoppa immédiatement ses pensées sombres, et se dit qu'il n'avait pas le droit de se plaindre, ça aurait été ridicule de le faire avec la vie magique qu'il avait. Alors, il se leva, enfila un sweat et des chaussures, et sortit de l'appartement sans faire de bruit. Il prit l'ascenseur, arriva dehors et enfila sa capuche, histoire de ne pas se faire remarquer ou agresser en pleine nuit. Ce serait con, se dit-il. Le blond fit quelques pas, sans destination précise, toujours de la musique dans les oreilles. Il décida enfin de s'asseoir sur un banc dans le parc qui se trouvait à quelques mètres plus loin de l'appartement. Ses yeux fixaient le vide. Il remarqua qu'il n'y avait personne, excepté un couple allongé dans l'herbe un peu plus loin. Il était bientôt minuit et le parc ne tarderait sûrement pas à fermer. Il se demanda, pour la énième fois, ce que faisaient ses parents, son frère, ainsi que les gens qui avaient été un jour -un jour qui lui semblait étrangement lointain- ses amis les plus proches. Les gens qui avaient tout connu de lui, ou presque. Et puis, peu à peu, Liam, Zayn, Louis et Harry les avaient remplacés. Car la distance à long terme, quoi que l'on en dise, efface tout, et n'épargne que les souvenirs. À force, on s'habitue à l'absence des gens. On s'habitue à les voir changer, devenir des inconnus. Niall s'était habitué. Bien sûr, il ne pouvait pas nier que certaines nuits avaient une saveur amère, lorsque ses pensées s'aventuraient du côté interdit. Mais il fallait avancer, après tout. Il avait avancé, et ne regrettait pas. Il ne regrettait rien. Il ne voulait rien regretter.
Le blond soupira, et observa le parc. Le couple était parti. Puis, légèrement à sa gauche, il eut l'impression d'apercevoir une silhouette cachée derrière un arbre. Il plissa les yeux. Il faisait vraiment très sombre, la lumière du réverbère n'était pas assez puissante, et il n'arrivait pas à identifier la masse difforme qui se distinguait du tronc. Il se leva donc, et s'approcha.
- Euh... Y a quelqu'un ? lança-t-il maladroitement.
Quelques mètres le séparaient à présent de l'arbre, et il reconnu donc un corps frêle, ainsi que de longs cheveux foncés. Une jeune fille, toute de noir vêtue, avec une capuche sur la tête. Mais que faisait cette gamine dans un parc à une telle heure du soir ? Il retira son casque et la fixa. Il n'arrivait pas à voir son visage, alors il se rapprocha encore, comme hypnotisé. Elle leva la main lentement, et la secoua, comme pour le saluer. Puis un bruit de branche brisée retentit dans le silence de cette nuit d'été. Il jeta rapidement un coup d'œil et vit le bout de bois cassé sous sa chaussure Il releva les yeux, mais l'inconnue avait disparu. Il se retourna, se rendit derrière l'arbre, chercha autour de lui, mais il n'y avait plus personne.
Tout cela devenant bien trop étrange pour lui, il s'empressa de partir. Une boule d'angoisse se forma dans son estomac. Ses pas l'amenèrent jusqu'à l'appartement de façon automatique, et son esprit était encore embrumé par la présence de cette étrange fille. Il retourna dans sa chambre en se disant qu'il y avait des gens vraiment très bizarres. Tout en se déshabillant, l'Irlandais secoua la tête, et se força à ne plus y penser. Ce n'était sûrement qu'une sans-abris. Pas de quoi s'inquiéter, c'était ridicule. Il était soudainement totalement crevé, et s'endormit presque aussitôt que sa tête entra en contact avec son oreiller. Ce fut cependant un sommeil agité et dont les rêves furent habités par une étrange présence sombre et inquiétante.
- Harry ? Interrogea Niall. Tu m'écoutes ?
Non, non je t'écoute pas, en fait. Je suis trop occupé à penser à des choses dont je ne pourrais même pas te parler. Des choses qui concernent mon cher meilleur ami. Parce que tu vois, Nialler, depuis quelques temps y a comme quelque chose qui cloche. Comme un truc qui ne tourne pas rond. Y a des questions qui tournent en boucle dans ma tête et elles me rendent dingue, tu sais. J'arrive pas à trouver une seule réponse. C'est quoi ce bordel ? Pourquoi je suis capable de passer des heures à le mater comme ça ? Pourquoi depuis un an ma première pensée du matin, c'est lui ? Pourquoi je me sens si vide quand il est pas là ? Pourquoi je ne vois que par lui ? Pourquoi il est partout, dans tout ce que je dis, tout ce que je fais, tout ce que je pense ? Pourquoi je le cherche même lorsque je sais qu'il est ailleurs ? Pourquoi je ne me sens jamais plus heureux que lorsque je suis avec lui ? Pourquoi j'attends ? Qu'est-ce que j'attends ? Un signe, un regard qui veut tout dire. Tu sais, c'est tellement puissant que ça me fait peur. J'ai l'impression d'être totalement dépassé par cette putain de situation, j'y comprends plus rien. J'ai juste besoin d'être éclairé, merde. J'ai juste besoin qu'il m'éclaire.
- Désolé, je pensais à autre chose. Tu disais ? répondit Harry.
Il pleuvait. C'était l'été, et il pleuvait. Bordel. Harry était couché et il entendait la pluie frapper ses volets. Ça le rendait dingue, et ça l'empêchait de dormir. Pourtant, il en avait bien besoin. Il se retourna dans son lit, enfonça son visage dans son oreiller, tenta de se relaxer, mais rien ne marchait et cette foutue insomnie était toujours présente. Il rabattit violemment sa couverture et sortit de sa chambre en se dirigeant vers la cuisine. Il alluma la lumière et s'assit par terre, dos contre le mur. Il soupira. Sa vie était devenue un bordel total depuis quelques semaines. Depuis cette fameuse interview. Il ne savait plus où il en était. Il ressentait des choses pour Louis qu'il n'aurait pas du ressentir. Il n'était pas amoureux, bien sûr que non! Quelle connerie, l'amour. Il ne savait même pas si ça existait réellement. Et si ça existait, ce n'était pas prêt de lui arriver. Harry Styles, tomber amoureux ? Jamais. C'était trop nul, trop niais, trop ridicule. C'était surtout inutile et ça faisait souffrir plus qu'autre chose -enfin, c'était ce que les gens disaient. Non, il n'était pas amoureux. Il ne manquerait plus que ça. Et puis surtout, il n'était pas gay. Il était cent pour cent hétéro, merde. Il aimait les filles, et ça avait toujours été le cas. Alors quelle était cette vague de désir qui s'emparait de lui à chaque fois qu'il apercevait son meilleur ami ? Pourquoi avait-il cette ridicule envie de lui appartenir ? Pourquoi ne s'était-il pas rendu compte plus tôt qu'il était complètement accro ? Parce qu'accro, il l'était, oui. Et pas qu'un peu, malheureusement. Il n'arrivait pas à mettre un nom sur ses putains de sentiments, et ça le rendait fou. Ça le rendait fou comme cette pluie qui ne s'arrêtait pas et qui faisait un bordel pas possible. Il ne détestait pas la pluie, contrairement à beaucoup de gens. Généralement, elle l'apaisait. Elle l'aidait à réfléchir, et ce soir-là, c'était bien le problème. Comme s'il n'y pensait pas déjà assez tous les jours, en le voyant, en vivant avec lui, en bossant avec lui. Comme si ça ne lui bouffait pas déjà assez l'existence.
Un bruit de pas le fit sortir de ses pensées, et une bouille aux yeux bleus et aux cheveux châtains ébourifés apparut. Louis. Génial, pensa-t-il. Son meilleur ami le regardait curieusement. Il allait avoir droit à tout un putain de questionnaire...
- Haz ? Mais qu'est-ce que tu fous là ?
- J'arrivais pas à dormir.
Louis n'avait rien remarqué. Enfin, si c'était le cas, il le cachait vachement bien. Rien n'avait changé. Ou peut-être étaient-ils un peu moins proches que d'habitude physiquement, mais ça non plus, Louis ne semblait pas l'avoir remarqué. Harry faisait de son mieux pour continuer à agir normalement avec lui, comme d'habitude. Seulement, ce n'était pas toujours facile. Par moments, il se rapprochait encore plus de lui, et comme Louis ne le rejetait jamais, il s'accrochait encore plus. Il s'accrochait à quoi ? Et puis parfois, il prenait des distances, devenait froid, et s'isolait pendant quelques heures avec la musique pour seule compagne. Cependant ça ne durait jamais très longtemps. Et comme un drogué revenait vers son dealer, Harry revenait sans cesse vers Louis. Sa propre addiction.
- Ah. La pluie ? Questionna le châtain.
- Ouais. La pluie. C'est ça.
- Je vois. Il fronça les sourcils. Merde, qu'est-ce qu'il était beau.
- Et toi ? Qu'est-ce que tu fais là à trois heures du mat' ?
- J'avais soif, répondit Louis. Je suis passé devant ta chambre et j'ai vu que c'était vide. J'ai flippé, jusqu'à ce que je voie de la lumière dans la cuisine, ajouta-t-il avec un petit rire.
- Ah.
- Bref...
Voyant que le bouclé ne répondait pas, il soupira, et se dirigea vers le frigidaire. Il en sortit une petite bouteille d'eau et commença à boire. Harry sentit son estomac se contracter. Comment pouvait-il être taré au point de trouver ça sexy ? Il avait réellement besoin d'aller se faire soigner.
- T'as vu un fantôme, ou quoi ? lança Louis.
- Euh, non. J'ai juste un peu mal au ventre, répondit le brun en évitant le regard de son meilleur ami.
- Merde. J'espère que t'es pas malade...
- Non, t'inquiète. J'ai dû bouffé un sale truc, quelque chose dans le genre.
Le châtain ne répondit pas et s'agenouilla devant Harry. Il posa sa main sur son front. Le bouclé frissonna à ce simple geste et ferma les yeux. Un étrange bien être s'empara de lui. C'était dingue, ce pouvoir que Louis avait sur lui.
- T'as pas de température, enfin je crois pas.
- J'ai rien du tout, Lou. Arrête de t'inquiéter.
- Hmmm.
Silence. Le seul bruit présent était la pluie, de plus en plus forte.
- Harry... tu sais que tu peux tout me dire, hein ?
Ah bon ? Et si je te dis que j'ai des envies pas très catholiques dès que je te vois, je peux aussi ?
- Oui, Lou. Bien sûr que je le sais. Je te fais confiance.
- Et si... si quelque chose n'allait pas, tu me le dirais ? demanda Louis, visiblement gêné.
- Mais oui, tu le sais très bien. Je te dis tout.
- Bon. Si tu le dis.
- Je le dis.
Il ne pouvait pas lui en parler. C'était inconcevable. Qu'est-ce qu'il en aurait penser ? Il se serait barré en courant, oui. Et Harry l'aurait comprit. Encore un silence. Louis plongea ses orbes bleues dans les émeraudes du plus jeune. Ce dernier lu dans les yeux de son aîné une incompréhension infinie. Mais il continua à le fixer. Ça dura longtemps. Assez pour que l'envie d'embrasser son meilleur ami s'empare du bouclé. Mais le châtain se releva.
- Bon, il est tard. Je retourne me coucher... déclara-t-il.
- Ah. Ouais, je vais faire pareil.
- Ben... bonne nuit, alors.
- Ouais.
Louis le regarda, toujours avec cette même incompréhension dans les yeux. Il secoua la tête, passa sa main dans les boucles de Harry avec douceur, et ce dernier frissonna à ce contact. Encore une fois. Il se dirigea vers sa chambre.
- Attends, Louis !
Le châtain s'arrêta net, mais ne se retourna pas.
- Oui ? Demanda-t-il, toujours dos à Harry.
Le brun admira le dos musclé de son meilleur ami, moulé par un simple t-shirt gris foncé.
- Bonne nuit... dit-il après un court silence.
Louis tourna la tête et lui sourit faiblement, puis il continua sa route jusqu'à sa chambre. Il le rendait dingue. Il savait que c'était mal, qu'il devait arrêter l'effrayante obsession qu'il avait pour son meilleur ami, qu'il n'avait pas le droit de penser à lui de cette manière là. Car Louis, justement, n'était que son foutu meilleur ami, et rien d'autre. Et ça ne changerait jamais. Ça ne devait pas changer. Ça ne pouvait pas changer. Pourtant, lorsqu'il éteignit la lumière de la cuisine, il ne prit pas le chemin de sa chambre. Il ouvrit une porte, la referma doucement, et avança dans le noir maladroitement en tentant de ne se prendre aucun meuble. Lorsque son tibia cogna contre un lit, il s'arrêta. Il s'assit dessus en prenant soin de ne pas toucher le châtain, et attendit. Une réponse, une question. Quelque chose. Mais il n'entendait que sa respiration, bien trop irrégulière pour qu'il soit réellement endormi. Au bout de quelques minutes silencieuses, il sentit Louis se déplacer. Le plus jeune comprit, et se faufila près de lui sous la couverture. Ils s'entrelacèrent, le châtain caressant le visage du bouclé avec une douceur infinie. Ouais, comme dans ce foutu rêve. Cette fois, le geste fit éclater en Harry une marée de sentiments indescriptibles. Et cette douleur dans son ventre était toujours présente, mais ça faisait plus de bien que de mal. Il aurait pu rester là éternellement. Il se rendait compte qu'il n'avait besoin de rien d'autre. De rien d'autre que de son meilleur ami le prenant dans ses bras. De rien d'autre que l'amour -l'amitié, voulait-il dire- de Louis. Et ça en devenait vraiment grave. Il plongea son visage dans le cou du châtain pour s'enivrer de son odeur, et le serra encore plus fort dans ses bras. Il voulait que le temps s'arrête, que ce moment ne connaisse jamais de fin, qu'ils restent ainsi pour toujours.
Il s'endormit dans un dernier vertige, bercé par les battements du cœur de Louis et par le bruit de la pluie qui lui paraissait si lointain, désormais.
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